TROYES - BASTIA

14 ème journée de ligue 1
9 novembre 2002


retour à l'accueil

Avant le départ à Troyes, les tronches sont circonspectes. Autant le dire de suite, les seules questions que nous nous posons, c'est en vrac : Baticle a t il de bonnes chances de faire un doublé voire un triplé ? Régis a les moyens de marquer sur coup-franc direct de 35 m ? Meniri devrait sciaquer le but de la victoire sur une main enorme à la 92 eme ? Ramènerons nous la défaite et une pneumonie de ce déplacement ?

C'est dans ce super climat que le départ se fait. Il ne se passe RIEN . En fait, personne ne s'en rend compte mais on s'engage dans la soirée du rien. La route ne ressemble à rien, le paysage non plus, bref tout le monde s'en fout.

Le seul truc notable c'est que nous dépassons après plus d'une heure de route une vieille fourgonnette horrible garée sur un sentier forestier : c'est vraiment une image qu'on pourrait voir au 20H dans une histoire de fait-divers avec trente cadavres entassés à l'arrière du véhicule. Sinon, vraiment rien.

Jusqu'au panneau. A partir de 17h, c'est la nuit. Mais la nuit des films d'horreur des années 30 : une nebbia zeppa zeppa entoure le monde extérieur personne ne sait où on est ni où on va. Parfois des lueurs apparaissent furtivement, ce sont des aires de repos routières où on devine une ambiance qui fait passer une soirée au Bar des amis à Agna di Fiumorbu pour un cocktail d'inauguration de la toute nouvelle boite rachetée par Madonna à New York. Se présente alors un panneau marqué "TROYES". Seulement, près d'une demi-heure après, on a toujours pas trouvé Troyes.

Finalement, des grands projecteurs, une forme sombre et carrée : LE STADE DE L'AUBE !!! alors là ça y va : "hè moi j'aimerais bien avoir ça à Furiani ", "on critique, on critique mais il est pas si mal ho". Tout ça, c'était à 5OO mètres du stade. On arrive devant l'entrée visiteurs et on patiente le temps d'avoir les billets. Ce qui nous laisse aussi le temps d'établir les premiers contacts visuels avec les locaux.

A premiere vue, RAS. De tout : jeunes, vieux, femmes, types, moustachus, chauves, mémés, clebs...un peu comme chez nous sauf que certains détails sont particulièrement inquiétants. Sur le moment, on fait pas attention mais il faut se rendre à l'évidence : un nombre considérable de Troyens qui passent devant nous portent des écharpes aux couleurs de l'ESTAC sur lesquelles on devine la funeste inscription "FAIR PLAY" !!!! et pour cause ! tous les gens qui passent nous saluent, nous souhaitent bonne chance et disent meme "bon appétit" voire "bon ap'" à ceux d'entre nous qui se sciaquent un sandwich. C'est la consternation.

Nous essayons de faire bonne figure et notre abattement ne se voit pas trop car nous sommes engoncés dans des anoraks de 8 cm d'épaisseur avec gants et echarpes vu qu'il fait environ 6 degrés avec un taux d'humidité au top. Enfin on se dirige vers les grilles: la fouille des CRS est amusante avec sandwiches ouverts, mars et snickers indispensables à la survie eventrés et évidés. L'arrivée dans notre parcage est sans intérêt.

Le stade, lui, est situé sur un terrain vague; dans la nuit, impossible de voir les alentours. Tout l'emplacement d'une tribune latérale n'est qu'un gigantesque bourbier. Bref, le stade avec ses trois tribunes ne ressemble à rien de spécial. Il commence peu à peu à se remplir et finira par contenir un peu plus de 10 000 spectateurs, ce qui est pas mal vu les circonstances. Nous, nous sommes une grosse soixantaine, frigorifiés, éparpillés dans un emplacement trop grand, à droite derrière les but
d'heurtebis (chì narpia) en première mi-temps. Trois courageux Rebels sont là, avec les habituels baches et coeurs bleus à brandir. Les supporters de Paris bachent eux aussi mais sans plus. Quelques personnes ont la bonne idée d'avoir des drapeaux .
Au dessus de nous, un niveau exclusivement peuplé de CRS. Le gros de l'ambiance troyenne mérite d'être décrit : ce qu'on pourrait appeler le "kop" troyen se situe dans le tribune qui nous fait face, en
gros, l'autre "virage" mais les types sont à l'étage, dans un coin ! ils occupent en fait ce qui présente toutes les caractéristiques d'un parcage visiteur ! bizarre ?

Pour conclure sur ce point, sachez que le stade, outre les pubs habituelles, est plein de panneaux bien lisibles portant les inscriptions "FAIR PLAY", tandis que le "noyau" des supporters troyens est
cauchemardesquement baptisé "FAIR PLAY 10" ....pourquoi 10 ? umbeh y en a qui disent que c'est le numéro de département de l'Aube....

L'avant-match est meublé par un spectacle de pompom girls tandis que le speaker lance des appels au fair play. Durant l'echauffement, PAS UN SEUL membre du club ne vient nous saluer. Conclusion : une sorte de footixland par une température horrible et une motivation pourrie. Ca commence bien.

Sur le coup d'envoi, quelques courageus brandissent les coeurs bleus distribués par les Rebels qui eux meme deploient une banderole. Quelques drapeaux s'agitent. Le match en lui-meme vous l'avez sans doute tous vu, alors ca va pas trop mal dans le traditionnel premier quart dheure d' illusion, et puis, c'est Mendy lancé comme un obus qui spazze je sais plus qui alors que le troyen est excentré à mort ....la suite de la première mi-temps est insignifiante si ce n'est la gueulante poussée par l'un d'entre nous (un "Hè FERMEZ-LA" bien rural) à l'encontre de quatre rangées de jeunes troyens de 7 à 10 ans ( a l'usu I Guerrieri d'Ajaccio) qui, sur une blessure de jeunechamp, criaient "aux chiott'Bastia" sur l'air de
"merci machin, merci machin merciiiii": ils se la ferment donc aussitot mais de toute façon ils avaient été rappelés à l'ordre par un stadier troyen qui les engueulaient, prouvant que le FAIR PLAY régnait en maitre sur l'Estac.

La suite du match est du meme tonneau : on se fait frapper par les joueurs troyens, jau plus dieuzien que jamais, jeunechamp qui ne sait pas frapper quand il faut se fait rouer de coups ( cf. le derby), le milieu inexistant, Penneteau qui cazzule la sortie devant baticle et c'est le but, etc.... de notre côté, ca se limite pour deux d'entre nous à des mughji furiosi contre nivet lorsque il vient tirer des corners sous notre nez, nivet que nous aurons quand meme la satisfaction de voir expulser mais avec ce débile de Jeunechamp. Sinon c'est terrible : quand vous voyez heurtebis qui sert les poings de rage et de joie après un bel arrêt et meniri qui est en transe après le second but, et que vous voyez ces ciavatte ambulantes du Sporting Club Bastiais se faire lancer comme ça, c'est très dur...bon j'oublie peut-etre une main troyenne dans la surface en première mi-temps mais chì vulete fà ? à partir de la 75e
minute, le grand jeu cetait de dire "quessu hà da marcà", dès qu'on voyait un remplacant troyen rentrer. Ce qui arrive avec la future mega star mondiale Nyang. Le kop troyen avec son tambour est relativement constant mais les chants font peur ( rafales de "aux armes" par ex.).

Fin du match. Les Troyens sont aux anges et pas un seul, je dis bien PAS UN SEUL bras d'honneur, ni doigt ni meme sourire narquois ne sera adressé à notre encontre. Nous sommes abasourdis. Fair-play...
Mais dans notre dépit, nous exhibons des fusils à pompe dans notre tribune tandis qu'un ovni de belle taille vient se placer au dessus du stade de l'Aube, provoquant une coupure d'electricité dans toute la ville, et commence à ponctionner un à un les spectateurs grace à un rayon lumineux.

Bien sur, c'est faux, mais après un CR si emmerdant il fallait bien broder pour finir.


Signé: un type en perdition dans l'Aube samedi 9 novembre au soir.

 

photos Ari Vatanen