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interview de

PIERROT BIANCONI
dans le France Football du 11 aout 1990...



Quatre matches et autant de victoires. Bastia est leader. Toute la Corse s’enflamme, mais Bianconi garde les pieds sur terre.

« Vous, le ‘teigneux’, vous êtes devenu un exemple de correction. Comment s’est opérée cette mutation ?
- C’est vrai qu’à la suite d’un certain nombre d’incidents j’ai traîné comme un boulet durant de longues saisons, l’image d’un joueur dur, incorrect. Il y a eu, de ma part, je le reconnais, un certain nombre de péchés de jeunesse. J’ai, parfois, confondu vitesse et précipitation. Et je suis devenu une cible privilégiée dès qu’il se passait quelque chose d’anormal sur le terrain.

- Et cela a nui à votre carrière ?
- Considérablement, oui ! J’en suis parfaitement conscient, mais, maintenant, tout est bien fini. En prenant de l’âge, on fait beaucoup mieux la part des choses…

- Vous avez perdu assez de temps…
- Notamment au cours des deux dernières années. Et je n’ai plus rien à perdre. On a déjà pu le constater : je suis devenu beaucoup moins impulsif. Et puis, à vingt-huit ans, j’ai enore de l’ambition. Je veux prouver que j’ai les moyens de m’imposer sur un terrain grâce à mes seules qualités de footballeur… D’ailleurs, si vous voulez dire que le Bianconi nouveau est arrivé, eh bien ! Je crois que c’est ça !

- La venue de Nîmes constituait le premier test à Furiani. Cela a-t-il été aussi difficile que prévu ?
- Honnêtement, non ! Il est vrai que l’expulsion de Squaglia au bout d’une demi-heure de jeu a constitué un avantage certain. C’est, néanmoins, le genre d’incidents qui fait partie du jeu. En fait, le plus difficile a été de marquer, car, même quand Nîmes a égalisé contre le cours du jeu, nous n’avons jamais douté.

- Une des caractéristiques du nouveau Bastia…
- C’est même, je crois, une de nos principales forces. Vous avez vu : nous avons continué notre jeu. Nous avons dominé, poussé, et imposé notre manière. Ça nous a souri… Finalement, ce n’est pas si cher payé que ça pour Nîmes.

- Bastia leader avec quatre victoires, ça vous surprend…
- Sans vouloir paraître présomptueux, pas trop. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que nous avons tout de même disputé trois des quatre matches à domicile.

- Tout de même…
- La bonne surprise vient de notre victoire à Mulhouse. Je pense que nous sommes allés là-bas au bon moment. En effet, il sera maintenant très difficile d’y grapiller encore des points. Si on fait donc un rapide bilan, nous avons en somme respecté notre plan de route. Maintenant, il va falloir confirmer à l’extérieur, car une accession c’est avant tout chez l’adversaire qu’elle se gagne.

- Qu’est ce qui, en ce début de saison, fait la force de Bastia.
- C’est un tout. Indéniablement, il existe au sein de notre équipe un certain nombre de fortes personnalités qui rejaillissent sur l’ensemble. Mais, surtout, il y a un esprit de corps. C’est peut-être ça le plus étonnant dans la mesure où l’effectif a été profondément bouleversé à l’inter-saison.

- Le public vous aide quand même beaucoup…
- C’est vrai ! Contre Gueugnon, déjà, il nous avait portés à la victoire. Mais devant Nîmes, il a été encore plus précieux. Tout le monde le sait : Furiani est un stade fait pour le football, et quand il est plein comme un œuf, comme ce soir, on peut dire qu’il est le treizième homme de l’équipe bastiaise.

- Et il n’a pas eu besoin d’artifices…
- Le public nous a, en effet, encouragés mais il n’y a eu aucun débordement, aucun jet de pétard. Ça, c’est sa victoire à lui. On dit tellement de choses sur nos supporters qu’il faut savoir, également, leur rendre hommage.

- Regrettez-vous que l’équipe ne soit plus, comme à votre retour il y a deux ans, composée en majorité de Corses ?
- Ce n’est pas un secret pour personne… Pour ma part, jouer au sein d’une formation composée à majorité de Corses serait la plus belle des choses. Je l’ai vécue et j’en ai été très heureux. Malheureusement, nous n’avions pas atteint l’objectif que nous nous étions fixés. Cela dit, ce qui compte pour nous, cette saison, c’est l’ambiance qui règne au sein du groupe. En un mot, elle est super.

- Porter le brassard, ça vous fait plaisir ?
- Bien sûr ! Je suis corse, je suis le capitaine de l’équipe… C’est un honneur qui m’a été fait. C’est aussi une nouvelle résponsabilité, j’en suis conscient et je m’efforce de l’assumer au mieux. Disons que je m’y emploie en payant au maximum de ma personne…

- L’accession, vous y pensez ?
- Non ! Il est encore trop tôt. Le championnat ne fait que débuter, ne l’oublions pas. Quatre matches et autant de victoires, cela n’est encore qu’une grosse satisfaction. Mais il ne faut pas se leurrer : nous avons encore tout à prouver. Apprécions le bonheur du moment, il sera toujours temps de penser à la montée dans quelques semaines ou quelques mois…

- Votre avenir est à Bastia…
- Soyons francs ! Je vais avoir vingt-huit ans, j’ai un contrat d’un an avec Bastia. Je m’y sens très bien, je l’ai déjà dit. Mais on verra…

- Ce qui veut dire…
- Que jouer, ici, est la meilleure des choses qui puisse arriver, mais je suis un footballeur professionnel… Alors, même si en Corse je suis mieux que nulle part ailleurs, j’étudierai quoi qu’il arrive les propositions qui pourraient m’être faites demain. Mais aujourd’hui, je suis à Bastia… »


Pour info cette semaine là le Sporting avait battu Nîmes, concurrent direct pour la montée sur le score de 4 à 2.
La compo et les notes de FF :

Valencony 4
Bianconi 5
Triki 4
Salou 3
Santini 4
De Bono 4
Nativi 3
Fréchet 5
Rzepka 3
Diallo 4
Kabongo 3

Entr : le pauvre Roland Gransart.


Il y avait 8.000 accaniti ce jour là à Furiani.
les buteurs : Sirvent (csc 41e), Fréchet (57e), Diallo (87e et 90e) pour le Sporting.
Sirvent (55e), Garcin (93e) pour Nîmes.



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